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ÉLÉVATION DES FRANÇAIS DANS L’INDE

santes recommandations et à la fin de 1736, il réussit à obtenir un firman de Mahomed-Sliah, adressé au Nabab d’Arcate, autorisant les Français à frapper de la monnaie courante du pays, en or et en argent ; elle devait porter d’un côté l’effigie du Mogol, et de l’autre le nom du lieu où elle aurait été frappée[1].

Les Français retirèrent de grands bénéfices de cette autorisation ; la réputation de la monnaie indo-française grandit rapidement et devint l’origine d’un commerce lucratif de lingots d’or et d’argent. La somme en espèces frappées ce s’éleva pas à moins de cinq ou six millions de roupies[2] et les bénéfices de ce monnayage produisirent un revenu annuel de deux cent mille roupies (six cent quatre-vingt mille francs), somme fort importante pour un établissement qui, comme Pondichéry était presque abandonné à lui-même par les Directeurs d’Europe[3].

Mais l’intimité avec Dost-Ali amena encore d’autres résultats importants. Dost-Ali avait deux fils et plusieurs filles, dont l’une, mariée à son neveu Mortiz-Ali et une autre à un parent plus éloigné, Chunda-Sahib. Sufder-Ali, l’aîné des fils, quoique ne partageant pas complètement la partialité de son père pour les Français, avait cependant un certain respect pour eux et surtout pour les fortifications de Pondichéry ; Chunda-Sahib, au contraire, professait la plus grande admiration pour les étrangers. Il était peut-être le seul des indigènes qui les comprit. Né sans fortune, mais avec une grande capacité, de l’énergie et une ambition sans bornes, il avait été placé par son mariage dans une position qui, sans lui permettre d’aspirer ouvertement à de hautes destinées, laissait cependant le champ libre à de secrètes espérances. Il n’avait per-

  1. Voici la traduction d’un extrait de la lettre adressée à ce sujet par Dost-Ali à Dumas : « La réputation de sincère et fidèle ami que vous avez acquise est conuue partout. Dans le but de gagner aussi votre amitié, je vous accorde la permission de frapper à Pondichéry, de la monnaie d’Arcate, conformément au Paravanah que je vous envoie. » Guyon.
  2. La roupie française était un peu plus grande qu’un schelling anglais et beaucoup plus épaisse. Quant au titre, il était supérieur à l’étalon anglais. La monnaie d’or était la pagode valant environ neuf schellings (10 fr. 80) ; trois cent vingt-cinq roupies équivalaient à cent pagodes ; d’où il suit que la roupie indo-française valait plus de deux schellings, neuf deniers, ou 2 fr. 80.
  3. En récompense de son succès dans les négociations qu’il avait entreprises à ce sujet Dumas fut créé Chevalier de l’Ordre de Saint-Michel et reçut des lettres de noblesse. Guyon.