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ÉLÉVATION DU POUVOIR FRANÇAIS DANS L’INDE

disciplinés à l’européenne (ce fut l’origine de l’armée cipaye) ; ces troupes se rendirent fort utiles en faisant le service journalier de la garnison. Il fit ensuite rentrer dans la ville, les équipages des vaisseaux et les exerça aux diverses manœuvres de l’armée de terre. Enfin, il ne cessa d’accumuler des approvisionnements de toute nature.

Pendant que tous ces préparatifs s’accomplissaient, le nouveau nabab, Sufder-Ali, vint visiter Pondichéry. Son but ostensible était de remercier Dumas de la protection qu’il avait accordée aux femmes de la famille de son père. Mieux que personne, Sufder-Ali, savait avec quel déplaisir les Mahrattes avaient appris que les familles et les trésors de son père et de Chunda-Sahib étaient en sûreté dans les murs de Pondichéry. Il savait bien que leur chef Raghogi avait annoncé sa détermination de faire repentir les Français de leur audace et, comme tous les chefs du Carnate, il était pénétré d’admiration pour l’attitude calme et fière prise par Dumas. Son but était donc de le remercier et de le récompenser. Un message de sa mère qui désirait le voir, hâta son voyage. Chunda-Sahib, qui se doutait peu de la trame qui s’ourdissait contre lui et qui s’était déjà transporté à Arcate pour rendre hommage à son beau-frère devenu son souverain légitime, fit avec lui le voyage de Pondichéry.

Ils y arrivèrent dans la soirée du Ier septembre 1740 ; Dumas les reçut avec de grandes démonstrations d’amitié et de respect, dans une tente splendidement décorée et brillante de lumières, qu’il avait fait construire en dehors des murs. Après s’y être reposé quelques instants, Sufder-Ali fut conduit à la résidence de sa mère et de ses sœurs dans les jardins publics. Il y passa les deux jours suivants, dans le deuil et la retraite ; le quatrième, il fit à Dumas une visite officielle. Il le remercia à plusieurs reprises de sa courtoisie et de l’hospitalité qu’il avait accordée à sa famille dans des circonstances qui ne laissaient pas que d’être embarrassantes et même dangereuses ; il déclara qu’il n’oublierait jamais cette noble conduite, et que dorénavant les Français seraient aussi maîtres que lui dans le Carnate. C’étaient là, sans doute, des formules orientales, usitées pour exprimer la gratitude, et Dumas n’y attachait pas d’autre importance ; néanmoins, le nabab avait jugé d’une bonne politique de se concilier le Gouver-