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RAGHOGI MENACE PONDICHÉRY

marchèrent sur Porto-Novo, ville située à environ trente-trois milles Sud de Pondichéry, et qui servait de lieu de transit aux Hollandais, aux Français et aux Anglais ; ils la pillèrent, mais les Français avaient eu la précaution de porter la plus grande partie de leurs valeurs à Pondichéry et souffrirent peu de ces hostilités. Ils se dirigèrent ensuite sur Cuddalore, établissement anglais à douze milles de Pondichéry, et le traitèrent comme Porto-Novo. S’avançant enfin jusqu’à moins de six milles de Pondichéry, ils y campèrent et adressèrent de là des lettres menaçantes à Dumas. De petits détachements furent disséminés pour ravager le pays et recueillir du hutin. En même temps, et à l’instigation du Bhousla, une expédition s’organisait sur la côte occidentale pour attaquer l’établissement français de Mahé.

Dumas ne se laissa émouvoir ni par ces lettres, ni par la visite encore plus menaçante qu’il reçut de l’un des officiers supérieurs de l’armée des Mahrattes, chargé de l’informer que le sort de Trichinopoly était réservé à Pondichéry. Loin de là, il reçut l’ofûcier avec la plus exquise politesse, lui montra les vivres qu’il avait emmagasinés, les canons braqués sur les remparts, les Européens bien disciplinés, les Cipayes armés ; en un mot, il ne lui cacha rien. Ensuite il lui déclara que Pondichéry ne serait pas évacué tant qu’il resterait un Français vivant. Quant à la prétention du général mahratte relative au tribut, il lui fit répondre par son envoyé que le territoire occupé par les Français ne renfermait ni mines d’or, ni mines d’argent, mais qu’il était riche en fer, et que ceux qui l’habitaient sauraient s’en servir contre les ennemis. L’envoyé se retira fort impressionné par la puissance et les ressources de l’établissement français et par le caractère résolu de son Gouverneur.

Il arriva qu’en prenant congé, l’officier mahratte reçut de Dumas le don de dix bouteilles de diverses liqueurs. De retour au camp, il en oflrit quelques-unes à son général, qui lui-même en fit part à sa femme. Celle-ci trouva le cordial tellement de son goût, qu’elle exigea qu’on lui en procurât d’autres, à quelque prix que ce fût. Or, l’influence féminine a toujours été d’une puissance proverbiale. Après toutes ses menaces, Raghogi-Bhousla ne devait pas être disposé à retrancher un iota de ses exigences ; mais le cordial de