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d’un arbitre : mais mon métier de romancière ne me permet pas de traiter ainsi le plus joyeux dénouement. Plaisanterie à part, je pense du fond de mon âme que votre héros doit accepter le noble dévouement de sa belle. L’état de l’amant, sa position politique, tout justifie la conduite de cette jeune personne dont le caractère peu commun ne doit pas être jugé moins favorablement par une démarche que la nécessité motive, et que le mariage légitimera. Heureux celui qui peut consacrer sa vie à payer de son amour un sentiment si désintéressé. Je lui fais bien mon compliment de posséder le cœur d’une femme si rare et d’un ami tel que vous. Avec de semblables biens, on peut braver tous les malheurs et se moquer du qu’en dira-t-on ? Je remercie votre aimable inconnue de l’occasion qu’elle m’offre de vous répéter les expressions de ma tendre amitié[1]. »

On ne pouvait répondre plus galamment.

Cet épisode ne la distrait pas de ses autres préoccupations. Elle commence à témoigner d’une activité « académique » que les années ne ralentiront pas. Toujours, elle a compté des académiciens parmi ses familiers. Elle travaille au recrutement des premiers parmi les seconds. Six jours après la mort du chevalier de Boufflers, elle intrigue avec vivacité auprès d’un comte académicien, qui ne peut guère être que Regnault de Saint-Jean d’Angély, pour asseoir Benjamin Constant, « bon prosateur, fort instruit en politique et littérature, courageux dans ses opinions, ingénieux dans ses ouvrages », dans le

  1. Lettres d’Amélie de X… à Victor de Galbois, et lettre de Sophie Gay à X…, communiquées par M. Léonce Grasilier.