Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/141

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

offre une poétique promenade, le soir, au clair de lune, et « comme une galerie pour la conversa tion ». Souvent, des amis de Paris y font un court séjour. Ils découvrent une Sophie Gay bien différente de celle qu’ils ont connue l’hiver dans les salons. « Là, plus d’envie de briller, plus de rivalités inquiètes, plus de prise d’armes, moins de duels au premier sang. Du naturel, de la bonté, de la sérénité, les occupations domestiques et champêtres, une châtelaine à la fois et une fermière, une mère de famille surtout. Le calme des champs, le travail chacun chez soi, les lectures en commun avec les nouvelles qu’apportent les visiteurs ou la correspondance, cela se voit partout ; mais le mouvement d’une imagination qui ne tombait jamais dans les lieux communs, cette intelligence ouverte à tout, enrichissant tout, portant partout la vie, une âme à la fois sensible et éloquente, avec tous les enseignements d’une existence si pleine et si variée, il est rare de le trouver deux fois ». Là, on ménage, en 1816, un séjour à Fétis, convalescent. On voisine avec l’illustre auteur de l’Almanach du gourmand, Grimod de La Reynière, qui depuis l’année précédente s’est retiré dans son château de Villiers. Vers la fin de 1816, Grimod, près d’épouser une actrice du théâtre de Lyon, consulte Sophie Gay, qui ne cache pas ce qu’elle en pense. Il se froisse quelque peu de l’opinion exprimée, mais invite quand même sa voisine à la cérémonie. Il en reçoit ce billet, daté du 31 décembre 1816 : « Il est certain que j’ai eu tort de dire la vérité à mon voisin ; les rois, les femmes et les amoureux la reçoivent toujours mal ;