Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/223

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charme sera senti par tout le monde, comme l’a été la délicieuse nouvelle qui les a inspirés. Je ferai seulement remarquer que si Ourika n’a eu qu’une existence amère et incomplète pendant sa vie, la voilà maintenant en possession d’une double immortalité ; c’est une compensation qui lui était bien due. »

Dans le même numéro, rendant compte des Tristes, il cite quelques vers de la poésie dédiée à Delphine par Belmontet :


Notre Corinne enfant, prêtresse de la lyre,
Oh ! Qu’elle est belle ainsi dans son naissant délire !
Elle a changé de nom, et sa gloire aujourd’hui
Comme l’astre de Thèbe en France a déjà lui.
Une grâce enivrante à sa beauté se mêle,
Et ses chants inspirés sont gracieux comme elle ;
Déjà, d’une couronne ornant ses blonds cheveux,
Son jeune et beau génie a fait plus que nos vœux ;
Déjà c’est un honneur de marcher sur ses traces :
Il sera trois Corinne, ainsi qu’il est trois Grâces.
Rivaux de la prêtresse et dans son temple admis,
Nous tous, l’environnant de nos lauriers amis,
Nous redirons ses chants sur nos lyres confuses,
Et nous l’invoquerons : on invoquait les Muses.

Un autre poète de l’Arsenal représente l’espiègle lutin d’Argail voltigeant autour des blonds cheveux de « l’illustre Delphine… et dérobant une fleur du bouquet de son sein ». Le concert d’adulations monte autour d’elle comme un encens. C’est la gloire pour cette jeune fille de vingt ans. Comment n’en est-elle pas grisée ? D’autres le furent à moins.

Sa mère juge l’heure venue de fixer ses traits pour la postérité. Elle fait appel au talent du