Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/237

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raine : tu seras l’alpha et l’oméga de notre vieux panthéon. »

Le lendemain, la duchesse d’Abrantès demande à Gros s’il est content des vers de Delphine :

— Je n’en sais rien ! Je verrai cela plus tard. Hier, je n’ai aperçu qu’une femme ravissante de jeunesse et de beauté qui me parlait ; mais ce qu’elle m’a dit, je n’en sais plus rien.

« Et je vis que Gros avait la tête complètement tournée », ajoute la duchesse.

Le poème de Delphine bénéficie d’une seconde lecture à l’Académie, où il recueille des applaudisments unanimes. Puis, il paraît en brochure. Jouy félicite l’auteur : vers charmants, pureté soutenue, simplicité classique, toute la grâce, toute l’élégance qui caractérise ce jeune et beau talent. Deux réserves toutefois. Il cite : « Et sa voix — les bénissait du haut de son supplice ». — « Je trouve, dit-il, plus d’ambition que de justesse dans cette expression ; ce n’est pas le supplice qui est élevé, c’est l’âme de celui qui l’endure, et c’est en ce sens que Molière a pu dire en parlant d’un homme insolent : il vous regarde du haut de son esprit. » Non moins justement, il signale l’abus de la conjonction car. Mais ce sont fautes légères. Jules de Rességuier, que Sophie Gay appelle volontiers : « cher troubadour », envoie une poésie :

Delphine à la coupole de Sainte-Geneviève.


Un céleste pouvoir secondait mes efforts,

Le Seigneur m’inspirait : sa divine lumière

Embrasait de ses feux mon âme tout entière.
Mlle Delphine Gay.


    De magiques pinceaux évoquent à nos yeux,
    Les âges de la France et dévoilent les cieux,