Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/285

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voudrais que mes vers eussent la même puissance, j’essayerais de vous répondre, mais votre beau talent n’a besoin que de lui, pour éterniser sa gloire ».

À la vérité, quelque dureté marque les traits : Jouin, le biographe de David d’Angers, remarque que pour coiffer une tête de femme, le sculpteur n’a point de rival. « Comparez les cheveux de Delphine Gay, ceux de Mme Desbordes-Valmore et ceux de Mme Voïart, vous serez étonné que l’artiste ait pu faire leur arrangement assez dissemblable pour éveiller en vous des pensées d’un ordre opposé. À l’heureuse fierté de la première, la mélancolie de la seconde sert de contraste, tandis que la Muse retirée, mais sans grande passion, de Mme Voïart, se laisse deviner à la grâce correcte de sa coiffure. » Jugement confirmé par Goethe ; le dieu de Weimar reçoit de David le 7 mars 1830 une caisse de cinquante-sept médaillons ; tout joyeux de contempler tant de personnages intéressants, il répète à plu sieurs reprises qu’il ne saurait assez remercier l’auteur de ce trésor. « Une chose qui me paraît digne de remarque, écrit-il le lendemain à David, c’est votre rare talent à saisir l’individualité de chaque figure. Combien le type vrai et simple de Mlle Delphine Gay diffère du portrait de Mme Lescot, aux ajustements d’un goût si recherché ! Croirait-on que ces deux œuvres sont sorties d’une même main ? » Lorsque David termine le buste de Chateaubriand, les dames Gay, parmi les premières, lui demandent la faveur de contempler cette œuvre dans son atelier[1].

  1. G. Le Breton : Schnetz et son époque, lettres inédites sur l’art, par Louis David, etc., Paris, 1855, in-8°, p. 16. — Lettre de David