Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/307

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voulu se brouiller avec vous à propos de son mariage. C’est mal débuter. L’amitié va très bien à un homme marié, et la vôtre et celle de votre aimable mère m’auraient semblé, à sa place, un présent de quelque prix. » Quel est le motif réel de Villemain ? Coulmann a sténographié avec sa précision ordinaire une scène qu’il ne reste qu’à répéter après lui : « Mme  Gay avait obtenu de présenter sa fille à Charles X, il l’avait accueillie avec sa courtoisie chevaleresque, et ce triomphe aux Tuileries avait fait pencher les sympathies de l’une et de l’autre en faveur d’un souverain qui n’était pas tout à fait à leurs yeux un grand roi, mais un prince excellent et plein de goût. L’impression un peu affaiblie du prestige exercé par Louis XIV sur Mme de Sévigné va se faire sentir par les paroles suivantes :

« Delphine. — Je voudrais qu’il vînt un bon despote pour fermer la bouche à tous ces bavards de la Chambre.

» Mme Gay. — On hésite à accorder au gouverne ment les quatre-vingts millions qu’il demande. On ne fera rien, et un beau jour la France sera envahie de nouveau.

» Villemain. — La France ne sera plus jamais envahie. L’ennemi ne remettra jamais les pieds à Paris.

» Mme Gay. — Qui l’empêchera ? Autour de qui se rangera-t-on ? Dans l’intérieur on ne tend qu’à renverser la dynastie.

» Villemain. — Toutes les capitales ont été conquises. La nôtre ne l’a été que parce qu’on détestait Bonaparte, et on avait alors raison de le détester ;