Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/342

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grande bonté qu’elle me rassure sur le succès de cette démarche. Oh ! général, que vous pouvez inspirer de reconnaissance et de dévouement, et les temps sont encore assez gros d’événements pour que le dévouement d’un homme de mon activité et de mon âge ne soit pas à dédaigner ! »

Le dernier paragraphe porte coup. Il dénote l’assurance d’un homme qui sait ce qu’il vaut. Six semaines après, il vaut d’ailleurs un peu plus : il ajoute un nouveau journal à la liste de ceux qu’il possède déjà, et, toujours avec son ami Lautour-Mézeray, il demande à la reine son patronage, qu’elle accorde, pour le Garde national, « entreprise éminemment nationale »[1].

Il ne demeure plus dans une modeste chambre aux Champs-Elysées : il habite un appartement 20, rue du Helder, au coin de la rue Taitbout. Il possède au moins deux chevaux, sa lettre au général Gérard en fait foi. Il avait dit : « Pour surgir de l’obscurité il n’est qu’un moyen ; c’est de gratter la terre avec ses ongles si on n’a pas d’outil ; mais de la gratter jusqu’à ce qu’on ait arraché une mine de ses entrailles ». De cette mine, il a désormais découvert le filon.

Sa mise est élégante, irréprochable, sa taille petite, mais élancée et svelte, ses manières sont distinguées. Il a la main et le pied d’un homme racé. La figure est pâle, d’une pâleur nullement maladive, avec des traits fins, un regard spirituel,

  1. Général de Rumigny (1789-1860), publié par Gouraud d’Ablancourt, Paris, 1921, in-8°, p. 255. - Lettre d’Émile de Girardin au général Gérard, Lov., D, 718°. — Le Voleur, 30 septembre 1830.