Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/344

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Florimond Levol, Romieu, Sainte-Beuve, d’Alton-Shée, le comte Germain.

Il devient l’hôte assidu du salon de Sophie Gay. Il se tient discrètement debout derrière le fauteuil de Delphine. Il la regarde sans cesse, lui parle bas ; elle détourne son beau visage pour lui répondre, ou lui sourire. Lamartine remarque ce manège : il demande à Sophie Gay quel est cet inconnu ; elle lui conte son histoire, et consulte le poète ami sur de vagues projets de mariage. Lamartine répond que ce jeune homme a « une de ces physionomies qui percent les ténèbres et qui domptent les hasards ».

Une nature aussi noble que celle de Delphine devait donner son estime à l’homme qui, né sans nom et sans fortune, avait su à vingt-cinq ans illustrer l’un et conquérir l’autre, plutôt qu’à l’un de ceux qui, nés avec un nom et une fortune, ne savent ni faire briller le nom, ni même conserver la fortune. Elle compose à Villiers, en 1831, une élégie intitulée Mathilde, dont le sujet lui est fourni, dit une note de bas de page, « par une nouvelle intitulée Émile, publiée il y a plusieurs années ». Mathilde, on se le rappelle, est le nom de l’héroïne à laquelle Émile confie le résultat de ses méditations. Dans son élégie, Delphine résume l’histoire d’Émile de Girardin ; il paraît difficile de le faire avec plus de précision. Puis elle avoue :

     Je le vis. — Des plus fiers l’estime l’honorait…
     Que j’aimai ce front calme, et ce cœur agité…
     Au monde avec courage il dérobait ses pleurs ;
     Moi, je les devinai sous sa fierté frivole ;
     Je dis : « l’amour coupable a causé ces malheurs :