Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/38

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mariages de convenance, des mariages mal assortis. On continue à demander à un mari une fortune, un nom et un rang convenables, qui le font supporter jusqu’au jour où l’on s’aperçoit qu’il est insupportable. Alors le ménage ne va pas[1]. Sophie de La Valette va connaître cette triste expérience.

Son père compte parmi les relations de son milieu professionnel, un agent de change, dont le revenu atteint une bonne cinquantaine de mille livres : Gaspard Liottier, fils de Jean Liottier, maitre sculpteur, et de Marie-Marguerite de Ligny, elle-même fille de Jean de Ligny, sculpteur ; Marie-Marguerite de Ligny, devenue veuve, épousera en secondes noces un autre sculpteur, Gilles-Paul Cauvet. Elle avait de la suite dans les idées. Pourquoi n’a-t-elle pas fait de ses fils deux sculpteurs ? Sans doute Gaspard, le second, né le 7 septembre 1756, n’aurait-il pas gagné dans la carrière artistique la fortune qui lui advint dans la carrière financière. Avec ses cinquante mille livres de revenu, il est riche. Voilà un excellent parti pour Sophie de La Valette, ex-héritière devenue pauvre. En vérité, son futur mari a une vingtaine d’années de plus qu’elle : maigre inconvénient en regard de ses avantages pécuniaires. Amoureux, il ne laisse pas encore percer un caractère difficile. Et le 1er  octobre 1791, en l’église Saint-Eustache, il conduit à l’autel la jeune fille âgée de quinze ans et trois mois, qui va devenir sa femme. Elle lui donnera trois filles : Aglaé,

  1. Turquan : Napoléon amoureux, Paris, sans date, in-12, p. 153.