Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/91

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neurs de Charles, et c’est sous les voûtes antiques de ce temple érigé au Dieu vivant par ce puissant monarque, sur la tombe qui pendant trois siècles enferma ses cendres, en présence des restes de la dépouille mortelle de ce grand homme, devant Votre Majesté Impériale enfin que le restaurateur de l’empire d’Occident veut que l’on renouvelle les hom mages religieux que cette église rendait chaque année à son illustre fondateur. » Mais, pour la joie de Sophie Gay, voici la note comique : le général L… s’avise de prononcer « un discours adapté à la circonstance », où il se félicite de voir « la vertu sur le trône, et la beauté à côté ». Les vertus et les beautés présentes s’en offensent également, chacune faisant peu de cas de la beauté sans vertu, et encore moins de la vertu sans beauté.

L’entourage de l’impératrice apprécie les qualités de Sophie Gay. « Aussi belle que spirituelle, elle embellit notre cercle et l’anime par le charme de son esprit », dit l’une des dames du Palais, la baronne de Vaudey[1]. Ce soir-là, Joséphine lui demande ce qu’elle pense du discours du général L… Question embarrassante ! L’interpellée ne veut déplaire ni au général, ni à la souveraine. Elle s’en tire platement, en répondant que, distraite par le pompeux spectacle de la cérémonie, et très persuadée que le général orateur ne pouvait adresser à Sa Majesté « que des vérités agréables », elle n’a pas pensé à l’écouter.

— Ce qui ne vous empêchera pas d’en rire de

  1. Baronne de V[audey] : Souvenirs du Directoire et de l’Empire, Paris, 1848, in-8°, p. 47.