Page:Malot - Cara, 1878.djvu/110

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remercier du tendre accueil que j’ai reçu dans cette maison. Avec les douces pensées qui m’emplissent le cœur lorsque je songe à l’affection que vous m’avez montrée ce m’est un profond chagrin de ne pas pouvoir vous prouver ma reconnaissance en me rendant à vos désirs.

« Mais je ne deviendrai jamais la femme d’un homme que je n’aimerai pas, et je n’aime pas M. Saffroy, malgré toutes les qualités que je lui reconnais.

« Je sens qu’une pareille réponse me crée des devoirs et que, puisque je refuse l’existence fortunée que dans votre généreuse tendresse vous vouliez m’assurer, c’est à moi de prendre désormais la direction de cette existence.

« En demandant à mon oncle les moyens de travailler, je ne cédais pas à un caprice, mais à une volonté posée et arrêtée, celle de pouvoir prendre librement la responsabilité de mes déterminations. Mon oncle a cru devoir me refuser. Je respecte les raisons qui sont guidé, mais il m’est impossible de les accepter.

« Je dois travailler et, puisque je veux avoir la liberté de mes résolutions et de mes actes, gagner moi-même par le travail cette liberté.

« Je comprends qu’il m’est impossible d’exécuter ma volonté en testant près de vous ; demain saurai donc quitté cette maison où j’ai été si tendrement reçue.

« Je vous prie de ne pas faire faire de recherches pour me découvrir, en tous cas je vous préviens que mes dispositions sont prises pour qu’on ne puisse pas me retrouver ; je veux poursuivre jusqu’au bout l’accomplissement de ce que je crois un devoir, et vous sentez bien, n’est-ce pas, que pour cela je dois me