Page:Malot - Cara, 1878.djvu/120

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reuse pour vous et vous avez acquis un talent remarquable, mais le théâtre demande autre chose.

Alors, changeant brusquement de ton et mettant brusquement ses mains dans ses poches.

— Ça n’est plus ça, ma chère enfant.

La chute fut écrasante, et Madeleine resta un moment anéantie.

Pendant ce temps, Maraval, qui s’était levé, avait tourné autour d’elle en l’examinant curieusement.

— Comment, s’écria-t-il, vous voulez entrer au théâtre, quelle mauvaise fantaisie vous a passé par la tête ?

— Ce n’est pas une fantaisie, mais une raison impérieuse, la nécessité non-seulement pour moi, mais encore pour ma famille.

Et, sans tout dire, elle lui expliqua comment elle était obligée de se faire chanteuse.

— Pour gagner de l’argent, n’est-ce pas, dit Maraval, beaucoup d’argent et de la gloire ; vous Voyez le théâtre de loin, c’est de près qu’il faut le regarder à l’envers.

Une fois encore il la regarda longuement ; mais cette fois Madeleine crut remarquer que ce n’était plus seulement de la curiosité qui se montrait dans ses yeux, c’était plus, c’était mieux, c’était de la sympathie, et de l’intérêt.

— Qui vous a conseillé de vous adresser à moi ? demanda-t-il.

— Personne : je suis venue à vous pour ce que je savais de vous.

— De moi, le chanteur ?

— De vous le chanteur et de vous monsieur Maraval.

— Ah !