Page:Malot - Cara, 1878.djvu/130

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se raidissant contre le dégoût qui l’envahissait, elle resta.

XXI

Cependant la présence de Madeleine avait produit une certaine sensation : on avait remarqué cette jeune femme qui, par sa toilette et sa tenue, ressemblait si peu aux élèves qui venaient ordinairement chez Lozès, et trois ou quatre jeunes gens se rapprochant peu à peu avaient fini par s’asseoir sur les banquettes, et ils s’étaient mis à la regarder, la toisant des pieds à la tête, l’examinant, la déshabillant comme si elle avait été exposée là pour leur plaisir.

Bien qu’elle évitât de tourner ses yeux de leur côté, elle avait senti le feu de ces regards braqués sur elle et le rouge lui était monté au visage.

C’étaient ses camarades, ces jeunes gens qui marchaient, s’asseyaient, se mouchaient avec des poses scéniques, la tête de trois quarts, le poing sur l’épaule, le sourire aux lèvres, s’écoutant entre eux comme on écoute au théâtre avec des attitudes fausses.

Demain elle devrait leur donner la main et les laisser la tutoyer, puisque entre eux ils se tutoyaient tous « Bonjour, ma petite chatte.— Comment vas-tu, ma vieille ? »

Lozès annonça que c’était fini « pour aujourd’hui. »