Page:Malot - Cara, 1878.djvu/135

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qu’il vous demandera. Accordez-lui seulement la moitié de ses exigences, et ce sera déjà beaucoup. Bien entendu n’allez pas lui dire cela. Je ne veux pas paraître dans toute cette affaire, et c’est pour cela qu’à l’avance je vous préviens. Plus tard je veux que vous vous souveniez de Lozès avec reconnaissance. On vous dira peut-être bien des choses de lui ; vous répondrez alors : « Voilà ce qu’il a fait pour moi. »

L’impression première produite par Lozès s’était un peu effacée : il pouvait être brutal, vaniteux, ridicule, mais au fond ce n’était pas certainement un méchant homme.

Cette pensée fut un grand soulagement pour Madeleine : elle pourrait honorer celui qui lui tendait la main.

— Encore un mot, dit Lozès, je vous ai expliqué que notre homme se chargerait de pourvoir à tous vos besoins. C’est beaucoup, mais ce n’est pas tout. Vous êtes seule ; que ferez-vous le jour où vous aborderez le théâtre ? Rien, n’est-ce pas. Vous laisserez les choses aller. Eh bien, en agissant ainsi, elles n’iraient pas. Il vous faut quelqu’un d’actif, d’intelligent, d’intrigant pour arranger vos engagements, pour préparer vos succès, pour gagner ou éclairer la critique, qui ne voit que ce qu’elle a intérêt à voir ou que ce qu’on lui montre : Sciazziga sera ce quelqu’un, et grâce à lui le succès vous arrivera agréable et appétissant, comme un poulet bien rôti arrive sur la table de ceux qui ont un bon cuisinier, sans qu’ils aient senti l’odeur de la cuisine. C’est quelque chose cela, en un temps comme le nôtre, qui n’est que de réclame. Où voulez-vous que je vous envoie notre Italien ?