Page:Malot - Cara, 1878.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


DEUXIÈME PARTIE


I

C’était un samedi, le Cirque des Champs-Élysées donnait une représentation extraordinaire pour la rentrée du gymnaste Otto, éloigné de Paris depuis plusieurs années, et pour les débuts de son élève Zabette.

Depuis quinze jours les murs de Paris étaient couverts d’affiches représentant deux hommes lancés dans l’espace, l’un aux membres athlétiques, musclés comme ceux d’un personnage de Michel-Ange, l’autre mince, délié, gracieux comme un éphèbe athénien ; aux quatre côtés de cette affiche s’étalaient en gros caractères les noms d’Otto et de Zabette. Ce nom d’Otto était bien connu à Paris dans le monde des théâtres et de la galanterie, car les succès de celui qui le portait avaient été aussi grands, aussi nombreux, aussi bruyants dans l’un que dans l’autre, et pendant plusieurs années il avait été de mode pour le gros public d’aller voir Otto qui, par la hardiesse de ses exercices, lorsqu’il voltigeait en maillot rose de trapèze en trapèze, arrachait des cris d’admiration à ses spectateurs ; comme, dans un autre public plus spécial et plus restreint, il avait été de