Page:Malot - Cara, 1878.djvu/158

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

II

À cette invitation, Cara répondit par un signe de main accompagné d’un sourire, et en quelques secondes elle se faufila, glissant comme une couleuvre, jusqu’à la place que Henri Clergeau lui indiquait ; cela fut fait si adroitement, si pressement que personne ne fut dérangé.

— C’est une femme à passer par le trou d’une aiguille, dit Léon tout bas en se penchant vers son ami pendant qu’elle s’avançait.

— Oui, mais avec grâce.

Et de fait il était impossible de mettre plus de grâce dans la souplesse : ce n’étaient pas seulement ses lèvres qui souriaient en passant devant les gens qu’elle frôlait avec une molle caresse, c’étaient ses bras, c’était sa taille flexible, c’était toute sa personne.

En arrivant à sa place elle tendit la main à Henri Clergeau et adressa à Léon une gracieuse inclination de tête.

— Est-ce qu’il n’y a pas indistrétion de ma part à accepter votre place ? dit-elle.

— Pas du tout ; ces deux places étaient louées pour nos paletots et surtout pour ne pas avoir devant nous des gens gênants ; vous Voyez que vous pouvez accepter sans scrupule.

Elle parlait doucement, posément, en s’adressant