Page:Malot - Cara, 1878.djvu/167

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— Faites attention, disait Cara, rapprochez-vous de moi, je vous prie.

Et de sa main nue, elle lui serrait la main pour lui faire éviter quelque meuble ou quelque porte sans doute qu’il ne voyait pas.

Ils traversèrent ainsi plusieurs pièces ; puis, tout à coup, Cara s’arrêta et l’arrêta :

— Nous sommes dans ma chambre, dit-elle, voulez-vous rester là en attendant que j’aie allumé une bougie.

Elle lui lâcha la main, et il resta immobile, n’osant pas remuer, car les volets et les rideaux clos ne laissaient pas pénétrer la plus légère lueur qui pût le guider ; cela avait quelque chose d’étrange et de mystérieux ; il ne voyait rien, il n’entendait rien, mais il respirait une pénétrante odeur de violettes dont le parfum frais et doux ne pouvait provenir que de fleurs naturelles.

Le frottement d’une allumette se fit entendre, et presque instantanément une faible lumière lui montra qu’il était dans une vaste chambre dont les murs étaient tendus en vieilles tapisseries de Flandre ; les meubles étaient recouverts de tapisseries du même genre, et sur le parquet était étalé un vieux tapis de Caboul ; par la sévérité, le goût et même le style cela ne ressemblait en rien aux chambres des cocottes à la mode où il était jusqu’à ce jour entré.

— Voulez-vous me permettre d’allumer une lampe à esprit de vin, dit-elle en se débarrassant de son chapeau. Je voudrais me faire une infusion de tisseul, car je me sens vraiment mal à l’aise.

— Mais pas du tout, répondit Léon, c’est moi qui