neutralisent ; une seule prend cette influence décisive qui conduit aux folies.
— Eh bien, vous m’étonnez, car, à l’époque où M. Léon n’était encore que collégien, je croyais qu’il irait bien, comme vous dites. Il venait souvent le jeudi au magasin avec un de ses camarades, le fils Clergeau, et, tout le temps qu’ils étaient là, ils restaient le nez écrasé contre les vitres à regarder le défilé des voitures qui vont au Bois ou qui en reviennent, et qui naturellement passent sous nos fenêtres. De ma place je les entendais chuchoter, et ils ne parlaient que des cocottes à la mode ; ils savaient leur nom, leur histoire, avec qui elles étaient, et, en les écoutant, je me disais à part moi : « Il faudra voir plus tard, ça promet. » Je suis joliment surpris de m’être trompé. En tout cas, si j’ai raisonné faux, pour le fils, j’ai tombé juste pour la fille.
— Mademoiselle Haupois-Daguillon s’occupait aussi des cocottes ?
— Quelle bêtise ! Comme son frère, mademoiselle Camille restait aussi le nez collé contre les vitres, mais le défilé qu’elle regardait, c’était celui des gens titrés. Tout ce qui avait un nom dans le grand monde parisien, elle le connaissait ; il n’y avait que ces gens-là qui l’intéressaient ; elle parlait de leur naissance ; elle savait sur le bout du doigt leur parenté ; elle annonçait leur mariage, et alors comme pour le frère je me disais : « Il faudra voir ; » j’ai vu ; elle a épousé un noble.
— Baronne Valentin, la belle affaire en vérité.
— Enfin elle a des armoiries, et la preuve c’est qu’on vient de lui finir à la fabrique une garniture de boutons