Page:Malot - Cara, 1878.djvu/183

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homme d’une quarantaine d’années, à la figure rasée, vêtu d’une robe de chambre qui avait tout l’air d’une robe de moine, travaillait la tête enfoncée dans ses deux mains.

Au bruit de la porte, qui d’ailleurs fut bien faible, il ne se dérangea pas, et Cara put arriver jusqu’à lui, glissant sur le tapis, sans qu’il levât la tête ; sans doute il croyait que c’était son valet de chambre ; alors, se penchant sur lui, elle l’embrassa dans le cou.

Il fit un saut sur son fauteurl.

— Tiens, Cara ! s’écria-t-il.

Elle le menaça du doigt, et se mettant à rire

— Il y a donc d’autres femmes que Cara qui peuvent t’embrasser dans le cou, que tu parais surpris que ce soit elle ? Oh ! l’infâme !

— Es-tu bête !

— Merci. Mais ce n’est pas pour que tu te mettes en frais de compliments que je suis venue te déranger si matin.

— Tu viens me demander un conseil ?

— Tu as deviné, avocat perspicace et malin.

— Il s’agit d’une question de doctrine ou d’une question de fait ?

— D’une question de personne.

— C’est plus délicat alors.

— Pas pour toi, qui connais ton Paris financier et commercial sur le bout du doigt et qui devrais faire partie du conseil d’escompte de la Banque de France.

— Tu me flattes ; c’est donc bien grave ?

— Très-grave. Que penses-tu de la maison Haupois-Daguillon ?

— Ah bah ! est-ce que le fils ?…