Page:Malot - Cara, 1878.djvu/197

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polie et respectueuse, Louise redevenait la camarade d’enfance et l’amie, lorsqu’elle était en tête à tête avec sa maîtresse, en réalité sa cousine, et une amie dévouée, une sorte d’associée qui avait son franc-parler pour conseiller, blâmer ou approuver librement, sans ménagements, comme si elle soutenait ses propres intérêts.

Cependant il était rare qu’elle en usât pour interroger Cara ou pour aller au-devant des intentions de celle-ci, et presque toujours, elle se contentait de répondre à ce qu’on lui demandait, ne prenant directement la parole que lorsque des circonstances graves l’exigeaient.

Les menaces de Carbans lui parurent de nature à légitimer une intervention énergique. Bien entendu, elle avait raconté à Cara la visité de l’usurier, puis elle avait raconté aussi comment elle avait pu le renvoyer, grâce au bienheureux pardessus de Léon, et naturellement elle avait cru que les 27,500 francs seraient versés avant le délai de huit jours fixé comme date fatale ; mais, à son grand étonnement, elle avait vu les choses suivre une marche qui n’indiquait nullement que le versement de ces 27,500 francs dût se faire prochainement.

Et comme elle considérait qu’il y avait urgence, elle se décida à intervenir la veille du jour où Carbans devait se présenter, prêt à tirer à boulet rouge, suivant son expression, s’il n’était pas payé. Pour cela elle attendit le départ de Léon, et comme il s’en alla à deux heures du matin, exactement comme il s’en allait tous les soirs elle aborda l’entretien en aidant Cara à se déshabiller.