Page:Malot - Cara, 1878.djvu/205

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de location des théâtres de Paris, son nom était inscrit pour qu’on lui réserva un fauteurl d’orchestre aux premières représensations, et pour savoir s’il devait rire, pleurer ou applaudir, il n’attendait pas que le visage des critiques influents, en ce jour-là sérieux et réservés comme des augures qui croient à leur sacerdoce, lui eût révélé leurs sentiments. Avant que le Salon de peinture s’ouvrit, il connaissait les œuvres principales qui devaient y figurer ; il avait été les voir dans les ateliers, il avait causé avec les artistes, et pour elles aussi, il ne recevait pas son opinion toute faite des journaux ou des gens du métier. Toutes les fois qu’une vente intéressante avait lieu à l’hôtel des commissaires-priseurs, il recevait un des premiers catalogues tirés, et s’il n’assistait point à toutes les vacations, il traversait au moins toutes les expositions qui méritaient une visité. Où trouvait-il du temps pour cela ? C’était un prodige ; et cependant il en trouvait, de même qu’il en trouvait encore pour arriver presque chaque jour à la fin du déjeuner de M. et madame Haupois-Daguillon, de façon à prendre une tasse de café avec eux ; — il est vrai que la famille Haupois-Daguillon était sa famille à lui qui ne s’était point marié, comme Léon et Camille étaient ses enfants ; et il est vrai aussi que les satisfactions de l’esprit qu’il recherchait si avidement ne l’avaient pas rendu insensible aux joies du cœur.

Personne mieux que lui assurément n’était en état de savoir ce qu’était cette Cara, dont M. Haupois avait entendu parler plusieurs fois sans jamais s’inquiéter d’elle, et qui maintenant, disait-on, était la maîtresse de son fils.

Au premier mot, il fut évident que Byasson pourrait