Page:Malot - Cara, 1878.djvu/216

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Il y avait là de quoi le chatouiller admirablement dans sa vanité. Ce n’est pas seulement de tendresse ou de désir qu’est fait l’amour et surtout l’amour qu’inspire une femme à la mode, une femme comme Cara.

Combien de fils de famille ont été jetés dans les folies ou les hontes de la passion, parce que leur maîtresse était une Cara.

Combien ont été perdus, ruinés, déshonorés, non par l’amour, mais par l’amour-propre.

Amant d’une Cara ! mais c’est un titre dans le monde, c’est presque un titre de noblesse. On était fils d’un bourgeois enrichi : on devient quelqu’un.

X

Bien que Cara voulût avoir toujours Léon près d’elle, il y avait deux jours de la semaine cependant où elle lui rendait la liberté, non pas franchement, mais d’une façon détournée, avec des raisons sans cesse renouvelées : ces deux jours étaient le jeudi et le dimanche.

En plus de ces deux jours, il y en avait un aussi par mois où elle s’arrangeait pour être seule, — le 17.

Si habiles que fussent les raisons qu’elle lui donnait, Léon n’avait pas tardé à remarquer qu’il y avait là quelque chose d’étrange : l’habileté même des prétextes mis en avant avait frappé son attention.

Si une maîtresse telle que Cara peut flatter quelque-