Page:Malot - Cara, 1878.djvu/23

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un incident désastreux vint bouleverser toutes mes combinaisons : la maison dans laquelle notre capital était placé se trouva en mauvaises affaires, et de telle sorte que si nous n’apportions pas une nouvelle mise de fonds tout était perdu. Sans économies, sans ressources autres que celles provenant de mon traitement, il m’était difficile, pour ne pas dire impossible, de me procurer la somme nécessaire pour cet apport. santais pu, il est vrai, la demander à ton père ; mais j’en étais empêché par des raisons, à mes yeux décisives : ton père m’ayant déjà aidé dans plusieurs circonstances, je ne pouvais m’adresser à lui sans augmenter les obligations que j’avais déjà contractées à son égard dans des proportions qui n’étaient nullement en rapport avec ma situation financière ; en un mot, je n’empruntais plus, je me faisais donner ; enfin, je ne voulais pas m’exposer à voir nos relations fraternelles gênées par des questions d’argent, et même à voir les liens d’amitié qui nous unissaient brisés par ces questions. Mais ce que je n’avais pas voulu faire, un de nos cousins le fit à mon insu, et ton père apprit les difficultés de ma situation ; il vint à Rouen et voulut régler cette affaire d’après certains principes de commerce qui n’étaient pas les miens. Une discussion s’ensuivit entre nous ; tu sais combien nos idées sont différentes sur presque tous les points ; cette discussion s’envenima et se termina par une rupture complète, telle que nos relations ont été brisées et que depuis ce jour nous ne nous sommes pas revus, malgré certaines avances que j’ai cru devoir faire, mais qui ont trouvé ton père implacable.

« Si difficile que fût ma position, je parvins cepen-