Page:Malot - Cara, 1878.djvu/260

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Ils se trouvèrent dans une petite chambre, assez simple d’ameublement, puis, après cette chambre, ils passèrent dans un petit salon.

— Cela, dit Cara, c’est l’appartement de mon petit homme, et il a une entrée particulière sur l’escalier, afin que mon petit homme ait l’apparence, pour le monde, de demeurer chez lui, car il serait gêné, je le parierais, qu’on dît qu’il demeure chez sa petite femme.

Alors, revenant dans la chambre et relevant vivement le couvre-pied du lit :

— Seusement, tu sais, dit-elle en lui jetant les bras autour du cou, que ce lit dans ton appartement particulier, c’est un lit de parade, un lit de semblant ; il ne deviendra un lit véritable que quand tu le voudras.

XVI

Ainsi que Cara l’avait pressenti, Léon aurait été gêné « qu’on dît qu’il demeurait chez sa petite femme » ; plus que gêné, honteux, et il n’y aurait point demeuré. Mais l’arrangement de l’appartement particulier leva tous les scrupules : aux yeux du monde il était là chez lui, et c’était chez lui qu’on pouvait venir le trouver, chez lui qu’il pouvait donner des rendez-vous, non chez sa maîtresse. Les convenances étaient sauvées, et Léon n’était pas homme à se mettre volontiers au-dessus des convenances, — cette religion bourgeoise. En réalité