Page:Malot - Cara, 1878.djvu/268

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bien surpris de voir cet intérieur simple et décent où rien ne rappelait la femme à la mode, et surtout une femme telle que Cara.

— Mon cher enfant, dit-il, tu supposes bien, n’est-ce pas ? que je ne viens pas te relancer pour le seul plaisir de te serrer la main ; ce plaisir est vif, car je t’aime de tout mon cœur, comme un enfant que j’ai vu naître et grandir ; cependant je ne serais pas monté ici si je n’avais eu à te parler sérieusement. Je quitte tes parents à l’instant même, et comme, peu de temps avant mon arrivée, Jacques était venu leur annoncer ton déménagement, tu peux t’imaginer dans quel état de désespoir ils sont ; ta mère, ta pauvre mère est baignée dans les larmes ; ton père est accablé dans une douleur morne ; ils te pleurent comme si tu étais mort.

— Qui m’a tué ?

— Qui tout d’abord les a désespérés ? Ne récriminions point : je ne suis venu te trouver que pour te parler amicalement, mais comme je ne me trouve pas à mon aise ici, — il regarda autour de lui comme pour sonder les tentures, — je te demande de sortir quelques instants avec moi.

Léon, assez mal à l’aise, montra les caisses et les masses placées au milieu du salon :

— santais voulu achever mon emménagement, dit-il.

— Je ne te demande qu’une heure : refuseras-tu ton vieil ami ?

— Et où voulez-vous que nous allions ?

— Sois sans inquiétude, je ne te ménage pas une surprise, ces moyens ne sont pas dans mes habitudes ; je te demande tout simplement de m’accompagner chez