Page:Malot - Cara, 1878.djvu/281

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Bientôt il n’y eut plus qu’un jour par mois, le 17, où Cara le laissa seul, celui où elle allait au Père-Lachaise, en pèlerinage au tombeau du duc de Carami. Une fois il vint avec elle jusqu’à la porte du cimetière. Puis, la fois suivante, comme elle était souffrante et pouvait à peine se traîner, il lui donna le bras pour l’aider à monter jusqu’au tombeau, et ensuite il l’accompagna toujours.

C’était beaucoup pour Cara que Léon ne pût pas se passer d’elle, mais ce n’était pas assez pour ses desseins ; il lui fallait plus ; il fallait qu’il s’habituât à voir en elle plus qu’une maîtresse, si agréable, si séduisante que fût cette maîtresse.

Lorsqu’ils allaient aux courses, Léon ne restait pas toujours à ses côtés comme un jaloux, et alors quand elle était seule dans sa voiture, ses anciens amis, quelques-uns de ses anciens amants, les hommes du monde dans lequel elle avait vécu l’entouraient, les uns pour lui donner une banale poignée de main, les autres pour causer plus intimement avec elle.

Un jour, en revenant, elle se montra si distraite, si préoccupée que Léon ne put pas ne pas lui demander ce qu’elle avait. Elle répondit qu’elle n’avait rien ; mais son ton démentait ses paroles.

Enfin, après le dîner, lorsqu’ils furent en tête à tête, côte à côte, elle se décida à parler :

— Sais-tu qui j’ai vu tantôt à Longchamps ? Salzondo.

Léon laissa échapper un mouvement de contrariété ; car, malgré l’histoire des perruques, la liaison de Salzondo avec Cara avait été si notoire, si publique, que ce nom ne pouvait pas être doux à ses oreilles.