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XX

Un million !

Ce fut le mot que Byasson se répéta en allant de la rue Auber à la rue Royale, pour raconter à M. et à madame Haupois-Daguillon son entrevue avec Cara.

Byasson, qui avait gagné lui-même ce qu’il possédait, sou à sou d’abord, franc à franc ensuite, et seulement après plusieurs années de travail acharné par billets de mille francs, savait ce que valait un million, et ce que cette somme, dont tant de gens parlent souvent sans en avoir une idée bien exacte, représentait d’efforts, de peines et de combinaisons même pour les heureux de ce monde.

Un million ! Elle avait bon appétit mademoiselle Hortense Binoche, et elle s’estimait à haut prix.

Quand M. et madame Haupois-Daguillon entendirent parler d’un million, ils faillirent être suffoqués tout d’abord par la surprise et ensuite par l’indignation.

— Assurément vous avez raison de pousser de hauts cris, dit Byasson, et cependant je vous conseillerais de donner ce million, si j’étais bien convaincu qu’il vous débarrassera à jamais de cette femme.

— Y pensez-vous !

— J’y pense d’autant mieux que maintenant je la connais ; je l’ai vue de près et je sais de quoi elle est