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son oncle sortit de chez lui, elle était assez claire pour que Madeleine ne le laissât point partir, ou tout au moins pour qu’elle l’accompagnât ; si au contraire, elle arrivait trop tard, elle était assez obscure pour ne pas révéler le suicide et permettre des explications telles quelles.

D’ailleurs les minutes s’écoulaient, et il n’avait pas le loisir de prendre le meilleur ; il fallait prendre ce qui se présentait à son esprit ; cette première dépêche terminée, il en écrivit une seconde adressée au chef de la gare de Caen pour le prier de lui retenir une voiture attelée de deux bons chevaux, qui devrait l’attendre au train de deux heures dix-huit minutes, et le conduire aussi vite que possible à Saint-Aubin.

Il écrivait ces derniers mots lorsque le sifflet de la machine annonça l’arrivée à Mantes : avant l’arrêt complet du train, Léon sauta sur le quai et courut au télégraphe ; il n’avait que trois minutes.

En sortant du bureau, ses dépêches expédiées, il passa devant la bibliothèque des chemins de fer, et ses yeux tombèrent par hasard sur un paquet de journaux parmi lesquels se trouvait le Journal de Rouen. Instantanément le souvenir lui revint qu’au temps où il passait une partie de ses vacances chez son oncle, il lisait dans ce journal un bulletin météorologique donnant l’heure des marées sur la côte. Il acheta un numéro et, remonté dans son compartiment, il chercha vivement ce bulletin ; l’heure de la pleine mer allait lui dire si son oncle pouvait être ou ne pas être sauvé par sa dépêche : la pleine mer était annoncée pour six heures au Havre ; par conséquent ; c’était à midi qu’avait lieu la basse mer, et c’était entre onze heures et