Page:Malot - Cara, 1878.djvu/334

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fait détruite. Alors, que resterait-il de cette liaison ? Ne verrait-il pas Cara ce qu’elle était réellement ?

Avant son départ de Paris il avait été convenu qu’il descendrait au grand hôtel de la cinquième avenue, et c’était là qu’on devait lui envoyer des dépêches, s’il était besoin qu’on lui en envoyât ; en tout cas, c’était là qu’on devait lui adresser ses lettres.

De dépêches, il n’en attendait point ; loin de s’aggraver l’état de sa mère avait dû s’améliorer, et il n’y avait pas à craindre qu’Hortense fût malade ; triste, oui, ennuyée, mais non malade. Ce ne fut donc que par une sorte d’acquit de conscience qu’il demanda s’il n’y avait pas de dépêche à son nom.

Grande fut sa surprise, profonde fut son angoisse lorsqu’on lui en remit une, et sa main trembla en l’ouvrant :

« Arriverai par Labrador peu après toi ; n’écris à personne, ne télégraphie pas sans nous être vus.

» Hortense. »

Il resta stupéfait.

Que se passait-il ? Pourquoi cette dépêche ? Pourquoi ce voyage ? Pourquoi ne devait-il pas écrire ? Pourquoi ne devait-il pas télégraphier ?

Toutes ces questions se pressaient dans sa tête troublée sans qu’il leur trouvât une réponse satisfaisante ou raisonnable.

Cette dépêche, en plus de l’inquiétude qu’elle lui causa, n’eut qu’un résultat, qui fut de lui imposer le souvenir de Cara ; il ne vit plus qu’elle, il ne pensa plus qu’à elle, il fut à elle comme s’il était encore à Paris et comme s’il venait de la quitter.

Pourquoi arrivait-elle ?