Page:Malot - Cara, 1878.djvu/338

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t’apporte ; quand tu auras vu, quand tu auras lu, tu comprendras que nous avons été trompés, dupés.

Elle le regarda du coin de l’œil ; elle fut surprise de voir qu’il ne bronchait pas, qu’il ne se révoltait pas, — et cela était un point d’une importance décisive qu’il écoutât les accusations contre sa mère, sans même tenter de les arrêter.

— Que dois-je lire ?

— À l’hôtel ; jusque-là laisse-moi tout à la joie de te voir ; puisque nous sommes réunis nous pourrons parler, nous expliquer, car il faut que nous nous expliquions franchement, loyalement, sans arrière-pensée, et que nous sachions à quoi nous en tenir, non-seulement pour l’heure présente, mais pour l’avenir.

Il voulut insister, elle lui ferma les lèvres avec un baiser.

— Laisse-moi jouir de ces minutes du retour qui passent trop vite ; je t’ai, je te tiens, je n’écouterai qu’un mot si tu veux bien me le dire : m’aimes-tu ?

Ils arrivèrent à l’hôtel et alors il voulut la prendre dans ses bras, mais elle se dégagea et le tint à distance.

— Maintenant, dit-elle, l’heure des explications décisives a sonné ; j’ai voulu, pendant ce trajet, n’être qu’à la tendresse et à l’amour ; maintenant c’est notre vie qui va se décider.

De son carnet elle tira un papier plié en quatre et le lui tendit :

— Lis, dit-elle.

Il voulut la tenir dans son bras pendant que de l’autre il prenait ce papier, mais doucement elle recusa et se tint debout devant lui, tandis qu’il restait assis.