Page:Malot - Cara, 1878.djvu/357

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Une surprise, — cruelle pour Cara, — les y attendait ; le concierge de la rue Auber remit à Léon toute une liasse de papiers timbrés.

De la lecture de ces assignations, il résultait que M. et madame Haupois-Daguillon demandaient au tribunal de la Seine la nullité d’un prétendu mariage conclu par leur fils, Léon Haupois-Daguillon, avec une demoiselle Hortense Binoche, devant un prêtre de l’église de Saint-François, à New-York (États-Unis), lequel mariage n’avait été précédé d’aucune publication, et avait été fait sans le consentement des père et mère du marié ; qu’aux termes de l’article 182 du sode civil, le mariage ainsi contracté était nul, et qu’il importait aux demandeurs de ne pas laisser écouler le délai prévu par l’article 183 du même sode pour porter leur action en nullité devant la justice.

Faisant un rouleau de toutes ces paperasses, Léon les porta immédiatement chez Nicolas pour savoir ce qu’il devait faire ; l’avis de l’avocat fut qu’il n’y avait absolument rien à faire et qu’il était inutile de se défendre, attendu qu’il n’y avait pas un tribunal en France qui ne prononcerait la nullité d’un mariage conclu dans de semblables conditions : une seule chose était possible, c’était d’adresser des sommations respectueuses aux parents et, après les délais légaux et les formalités en usage, de précéder à un nouveau mariage.

— Il n’y a que cela de pratique, dit Nicolas, et c’est le conseil que je vous donne si toutefois vous voulez de nouveau et toujours vous marier.

Comme Léon s’en revenait rue Auber et passait sur la place de la Madeleine, il aperçut une dame en grand