Page:Malot - Cara, 1878.djvu/368

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qu’elles convainquissent Léon, qui est trop complétement aveuglé pour voir clair en plein midi, si vous lui mettez ces preuves sous les yeux sans certaines préparations. Enfin, je ne crois pas qu’il se réunisse à vous pour demander devant la cour la nullité de son mariage, pas plus que celle de son mariage religieux. Pour son mariage civil, cela n’a pas d’importance, la cour prononcera cette nullité, avec ou contre lui, comme le tribunal de première instance l’a prononcée. Mais, pour le mariage religieux, la situation est bien différente ; jamais la cour de Rome ne prononcera cette nullité si Léon lui-même ne la demande pas, et, s’il la demande, il n’est même pas du tout certain que vous l’obteniez. Vous Voyez donc que vos preuves ne produiront pas les résultats que vous espérez, et j’ai la conviction que, lors même qu’elles seraient éclatantes, Léon n’en poursuivrait pas moins ses sommations respectueuses, tant il est incapable de volonté entre les mains de Cara ; n’oubliez pas que vous allez recevoir le troisième acte, et qu’un mois après il pourra se marier, à Paris, malgré vous, et légitimement.

Pendant que Byasson parlait, M. Haupois-Daguillon se promenait en long et en large avec tous les signes de l’impatience et de la colère ; pour madame Haupois, elle écoutait attentivement, examinant Byasson.

Comme son mari allait répondre, elle lui coupa la parole.

— Mon cher monsieur Byasson, dit-elle, vous ne nous parleriez pas ainsi si vous n’aviez pas un autre moyen à nous proposer ; vous auriez pitié de nos angoisses ; vous aviez dit que vous aviez du nouveau à nous annoncer ; qu’est-ce ? je vous en prie, parlez.