Page:Malot - Cara, 1878.djvu/401

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Hortense planait immaculée ; elle était descendue de ce trône et n’était plus qu’une simple mortelle.

Pourquoi après tout ?

Pourquoi croire aveuglément qu’elle valait mieux que les autres ?

Terrible question que celle-là, et, à l’heure où elle se pose devant un amant, il y a déjà bien des chances pour qu’il admette que la femme qu’il a aimée et qu’il veut aimer encore pour telle ou telle raison, vaut moins que les autres, — et surtout moins qu’une autre.

Fatalement elle conduisait à une seconde : pourquoi tant d’accusations contre Cara (elle était Cara maintenant), et pas une seule contre Madeleine ? pour celle-ci, l’unanimité dans l’éloge, pour celle-là l’unanimité dans le blâme.

Il saisirait la première occasion qui se présenterait, pour faire ce contrôle, et si les rapports étaient vrais, elle ne tarderait pas à se présenter, ils indiquaient le jeudi pour la visité à Salzondo ; il verrait le jeudi suivant ; et pour Otto, qui n’avait pas de jour, il verrait plus tard.

Mais le jeudi suivant, qui justement était le lendemain, cette occasion ne se présenta pas. Cara ne sortit point : le vendredi elle ne sortit pas davantage.

Se savait-elle surveillée, ou bien ces rapports étaient-ils faux ?

En réalité elle se tenait sur ses gardes.

Tant qu’elle avait été sûre de Léon, elle avait agi librement, sans gêne et selon ses fantaisies : pourquoi eût-elle pris des précautions inutiles pour un homme qui ne voyait que ce qu’elle voulait bien qu’il regardât,