Page:Malot - Cara, 1878.djvu/416

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« Chère mère,

« Je te prie de vouloir bien faire préparer mon ancien appartement pour recevoir Madeleine ; quant à moi, je demande à te remplacer rue Royale et à réparer le temps perdu,

« LÉON. »

Lorsque le lendemain soirils arrivèrent rue de Rivoli, ils trouvèrent l’escalier plein d’arbustes fleuris, les portes de l’entrée de l’appartement de M. et de madame Haupois étaient grandes ouvertes, et dans le vestibule se tenait Jacques en habit noir, cravaté de blanc, ganté, prêt à annoncer les invités comme en un jour de grande fête

Et quelle plus grande fêtepouvait-il y avoir, pour ce père et cette mère si tristes la veille encore, que le retour de l’enfant prodigue à la maison paternelle !

Madeleine avait voulu prendre le bras de Léon, mais il ne s’était pas prêté à cet arrangement.

— Non, dit-il, prends-moi par la main, je tiens à ce qu’il soit bien marqué que c’est toi qui me ramènes.

Mais ni le père ni la mère n’étaient en état de faire cette remarque : dans leur élan de bonheur, ils ne virent que leur fils, Byasson seul l’observa :

— C’est bien cela, dit-il en baisant la main de Madeleine ; sans vous il ne serait jamais revenu dans cette maison, et c’est à vous seule qu’est dû ce miracle.

La dépêche de Madeleine avait été exécutée à la lettre par madame Haupois-Daguillon : « Elle avait tué le veau gras, » et jamais dîner plus splendide et plus, exquis en même temps n’avait été servi chez elle ; ce fut ce que Byasson constata en accompagnant son compliment d’un regret :