Page:Malot - Cara, 1878.djvu/419

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— Où est Léon ? demanda-t-elle avec anxiété.

— Rassurez-vous, il n’est pas perdu ; il est chez ses parents dont il devient l’associé : cette association est consentie en vue de son prochain mariage avec sa cousine Madeleine qui se célébrera quand la nullité du vôtre aura été prononcée par la cour de Rome.

Cara ne broncha pas.

— Si je vous annonce ce mariage, continua Byasson, vous sentez que c’est parce que nous avons la certitude que vous ne pouvez pas l’empêcher : Léon aime sa cousine, et rien ne guérit mieux un ancien amour qu’un nouveau ; toute tentative de votre part serait donc inutile, vous savez cela mieux que moi. Cependant, comme vous pourriez avoir la fantaisie d’engager une lutte qui, pour n’être pas dangereuse, n’en serait pas moins agaçante, je vous offre trois cent mille francs que je prends l’engagement d’honneur de vous payer le jour de notre mariage, si d’ici là vous nous laissez en paix.

— Et combien m’offrez-vous pour que je ne soutienne pas la validité de mon mariage ?

— Rien ; nous sommes sûrs d’obtenir la nullité que nous demandons, nous ne pouvons donc pas vous la payer : d’ailleurs trois cent mille francs c’est une belle somme et qui représente largement les sacrifices que vous avez pu faire en vue d’assurer votre mariage avec mon jeune ami.

Elle pâlit et ses lèvres se décolorèrent ; mais elle se raidit et, par un effort de volonté, elle parvint à amener un sourire sur ses lèvres frémissantes :

— Vous aviez voulu m’étrangler comme une bête