Page:Malot - Cara, 1878.djvu/79

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frère Armand se trouvait mêlé : tu seras agréable à mon père en lui parlant de ce temps.

— Certes je le ferai.

— Puisque je te demande d’être agréable à mon père, veux-tu me permettre de te donner un conseil, ma chère petite Madeleine ?…

Il s’arrêta brusquement, car, se laissant entraîner par son émotion il avait été plus loin, beaucoup plus loin qu’il ne voulait aller.

Mais aussitôt il reprit en souriant :

— Tiens ! voilà que je parle comme lorsque tu n’étais qu’une petite fille et que nous jousions au mariage.

Elle détourna la tête et ne répondit pas.

— Ce que je veux te demander, poursuivit Léon vivement, c’est que tu t’appliques à faire la conquête de mon père et de ma mère. Cela te sera facile, gracieuse, bonne, charmante, fine comme tu l’es.

— Tu ne me crois donc pas modeste, que tu me parles ainsi en face, dit-elle en s’efforçant de sourire.

— Je dirai, si tu veux, que tu n’es que charmante, et cela, il faut bien que je l’exprime brutalement, puisque je te demande de faire usage de cette qualité.

— Adresse-toi à mon désir de t’être agréable à toi-même, c’est assez.

— Enfin, je veux que tu charmes mon père et ma mère de telle sorte qu’à mon retour tu sois leur fille, leur vraie fille, non-seulement par l’adoption, mais encore par l’affection. Présentement tu sais qu’ils t’aiment et que tu peux compter sur eux. Je te demande de faire en sorte qu’ils t’aiment plus encore. Tu me diras qu’on plaît parce qu’on plaît, sans raison bien souvent ; mais on plaît aussi parce qu’on veut plaire. Fais-moi