Page:Malot - Cara, 1878.djvu/98

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meilleur des parents. Pourquoi ne me permettriez-vous pas de travailler dans vos bureaux ? ma tante, qui n’est pas jeune comme moi, et qui, au lieu d’être pauvre comme moi, est riche, y travaille bien du matin au soir

M. Haupois-Daguillon s’arrêta, et durant assez longtemps il regarda sa nièce, dont le visage pâli par l’émotion recevait en plein la lumière du soleil couchant.

— Ainsi, dit-il, tu me demandes trois choses : 1° payer ce que tu crois que ton père doit encore ; 2° ne pas épouser SaffroyCTtravailler, et surtout travailler dans notre maison, n’est-ce pas ?

— Oui, mon oncle, dit-elle.

— Eh bien ! je ne consentirai à aucune de ces trois choses, — je ne payerai pas ce que ton père ne doit pas, — je ferai tout au monde pour que tu épouses Saffroy, — je ne te permettrai jamais de travailler dans ma maison. Sur les deux premiers points, je n’ai pas de raisons à te donner, tu les connais déjà ou tu les sens. Mais comme tu pourrais t’étonner que je ne veuille pas te donner à travailler dans notre maison, alors que nous t’y recevons et t’y traitons comme notre fille, j’admets que des explications sont nécessaires ; les voici donc : tu es jeune, jolie, séduisante ; eh bien ! une jeune fille ainsi faite ne peut pas vivre sur le pied de l’intimité avec un homme jeune aussi, beau garçon aussi, qui est son cousin. Il y a là un danger pour tous. Mariée, nous ne nous séparerions jamais, puisque ton mari serait notre associé. Jeune fille, testant chez nous comme notre fille ou simplement comme employée de la maison, nous serions obligés de tenir notre fils loin de Paris ; c’est ce que nous avons fait en l’envoyant à Madrid malgré