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EN FAMILLE.

pour elle d’être utile à Bendit et à Mombleux, elle se créait ainsi des relations qui lui entr’ouvriraient peut-être des portes par lesquelles elle pourrait passer plus tard ; et c’était là une considération qui devait l’emporter sur toutes les autres, même sur le chagrin d’être dépossédée de son royaume : ce n’était pas pour jouer à ce jeu si amusant qu’il fût, pour dénicher des nids, pêcher des poissons, cueillir des fleurs, écouter le chant des oiseaux ; donner des dînettes, qu’elle avait supporté les fatigues et les misères de son douloureux voyage.

Le lundi, comme cela avait été convenu avec Rosalie, elle passa devant la maison de mère Françoise à la sortie de midi, afin de se mettre à la disposition de Mombleux, si celui-ci avait besoin d’elle ; mais Rosalie vint lui dire que, comme il n’arrivait pas de lettres de l’Angleterre le lundi, il n’y avait pas eu de traductions à faire le matin ; peut-être serait-ce pour le lendemain.

Et Perrine rentrée à l’atelier avait repris son travail, quand quelques minutes après deux heures, La Quille la happa au passage :

« Va vite au bureau.

— Pour quoi faire ?

— Est-ce que ça me regarde ? on me dit de t’envoyer au bureau, vas-y. »

Elle n’en demanda pas davantage, d’abord parce qu’il était inutile de questionner La Quille, ensuite parce qu’elle se doutait de ce qu’on voulait d’elle ; cependant, elle ne comprenait pas très bien que s’il s’agissait de travailler avec Mombleux à une traduction difficile, on la fit venir dans le bureau où tout