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Page:Malot - En famille, 1893.djvu/276

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EN FAMILLE.

Déjà Perrine avait descendu le perron, et allait monter à côté de Guillaume, mais il l’arrêta d’un signe de main :

« Pas par là, dit-il, derrière. »

En effet, un petit siège pour une seule personne se trouvait derrière ; elle y monta et la voiture partit grand train.

Quand ils furent sortis du village, Guillaume, sans ralentir l’allure de son cheval, se tourna vers Perrine.

« C’est vrai que vous savez l’anglais ? demanda-t-il.

— Oui.

— Vous allez avoir la chance de faire plaisir au patron »

Elle s’enhardit à poser une question :

« Comment cela ?

— Parce qu’il est avec des mécaniciens anglais qui viennent d’arriver pour monter une machine et qu’il ne peut pas se faire comprendre. Il a amené avec lui M. Mombleux, qui parle anglais à ce qu’il dit ; mais l’anglais de M. Mombleux n’est pas celui des mécaniciens, si bien qu’ils se disputent sans se comprendre, et le patron est furieux ; c’était à mourir de rire. À la fin, M. Mombleux n’en pouvant plus, et espérant calmer le patron, a dit qu’il y avait aux cannettes une jeune fille appelée Aurélie qui parlait l’anglais, et le patron m’a envoyé vous chercher. »

Il y eut un moment de silence ; puis, de nouveau, il se tourna vers elle.

« Vous savez que si vous parlez l’anglais comme M. Mombleux, vous feriez peut-être mieux de descendre tout de suite. »

Il prit un air gouailleur :

« Faut-il arrêter ?

— Vous pouvez continuer.