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EN FAMILLE.

« Tu ne dis rien ?

— Je cherche des mots pour vous remercier, mais je suis si émue, si troublée que je n’en trouve pas ; ne croyez pas… »

Il l’interrompit :

« Je crois que tu es émue en effet, ta voix me le dit, et j’en suis bien aise, c’est une promesse que tu feras ce que tu pourras pour me satisfaire. Maintenant autre chose : as-tu écrit à tes parents ?

— Non, monsieur ; je n’ai pas pu, je n’ai pas de papier…

— Bon, bon ; tu vas pouvoir le faire, et tu trouveras dans le bureau de M. Bendit, que tu occuperas en attendant sa guérison, tout ce qui te sera nécessaire. En écrivant, tu devras dire à tes parents la position que tu occupes dans ma maison ; s’ils ont mieux à t’offrir, ils te feront venir ; sinon, ils te laisseront ici.

— Certainement, je resterai ici.

— Je le pense, et je crois que c’est le meilleur pour toi maintenant. Comme tu vas vivre dans les bureaux où tu seras en relation avec les employés, à qui tu porteras mes ordres, comme d’autre part tu sortiras avec moi, tu ne peux pas garder tes vêtements d’ouvrière, qui, m’a dit Benoist, sont fatigués…

— Des guenilles ; mais je vous assure, monsieur, que ce n’est ni par paresse, ni par incurie, hélas !

— Ne te défends pas. Mais enfin comme cela doit changer, tu vas aller à la caisse où l’on te remettra une fiche pour que tu prennes, chez Mme Lachaise, ce qu’il te faut en vêtements, linge de corps, chapeau, chaussures. »