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EN FAMILLE.

« Moins que rien cette petite.

— Et maintenant, est-ce qu’il faudra vous envoyer ça ? demanda Mme  Lachaise.

— Je vous remercie, madame, je viendrai le chercher ce soir.

— Pas avant huit heures, pas après neuf. »

Perrine avait cette bonne raison pour ne pas vouloir qu’on lui envoyât ses vêtements, qu’elle ne savait pas où elle coucherait le soir. Dans son île, il n’y fallait pas songer. Qui n’a rien se passe de portes et de serrures, mais la richesse, — car malgré le dédain de cette marchande, ce qu’elle venait d’acheter constituait pour elle de la richesse, — a besoin d’être gardée ; il fallait donc que la nuit suivante, elle eût un logement, et tout naturellement elle pensa à le prendre chez la grand’mère de Rosalie, et en sortant de chez Mme  Lachaise elle se dirigea vers la maison de mère Françoise, pour voir si elle trouverait là ce qu’elle désirait, c’est-à-dire un cabinet ou une toute petite chambre, qui ne coûtât pas cher.

Comme elle allait arriver à la barrière, elle vit Rosalie sortir d’une allure légère.

« Vous partez !

— Et vous, vous êtes donc libre ! »

En quelques mots précipités elles s’expliquèrent :

Rosalie qui allait à Picquigny pour une commission pressée ne pouvait pas rentrer chez sa grand’mère immédiatement comme elle l’aurait voulu, de façon à arranger pour le mieux la location du cabinet ; mais puisque Perrine n’avait rien à faire de la journée, pourquoi ne l’accompagnerait-elle pas à