les neveux, Talouel de qui elle avait si grande peur ; un mot d’eux pouvait éclairer son ignorance et en lui montrant des dangers qu’elle ne soupçonnait même pas, lui permettre de les éviter. Elle ne les espionnerait pas ; elle n’écouterait pas aux portes ; quand ils parleraient, ils sauraient qu’ils n’étaient pas seuls ; elle pouvait donc sans scrupule profiter de leurs observations.
Malheureusement, ce matin-là, ils ne dirent rien d’intéressant pour elle ; leur conversation roula tout le temps du déjeuner sur des sujets insignifiants : la politique, la chasse, un accident de chemin de fer ; et elle n’eut pas besoin de se donner un air indifférent pour ne pas paraître prêter attention à leur discours.
D’ailleurs, elle était forcée de se hâter ce matin-là, car elle voulait interroger Rosalie pour tâcher de savoir comment M. Vulfran avait appris qu’elle n’avait couché qu’une fois chez mère Françoise.
« C’est le Mince qui est venu pendant que nous étions à Picquigny ; il a fait causer tante Zénobie sur vous et vous savez, ça n’est pas difficile de faire causer tante Zénobie, surtout quand elle suppose que ça ne vaudra pas une gratification à ceux dont elle parle ; c’est donc elle qui a dit que vous n’aviez passé qu’une nuit ici, et toutes sortes d’autres choses avec.
— Quelles autres choses ?
— Je ne sais pas, puisque je n’y étais pas, mais vous pouvez imaginer le pire ; heureusement, ça n’a pas mal tourné pour vous.
— Au contraire ça a bien tourné puisqu’avec mon histoire j’ai amusé M. Vulfran.