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EN FAMILLE.

cher de différents côtés avant de pouvoir recueillir les éléments d’une réponse qui pût vous satisfaire.

« De ces éléments il résulte que celle qui est devenue la femme de M. Edmond Paindavoine était une jeune personne douée des plus charmantes qualités : l’intelligence, la bonté, la douceur, la tendresse de l’âme, la droiture du caractère, sans parler de ces charmes personnels qui, pour être éphémères, n’en ont pas moins une importance souvent décisive pour ceux qui laissent leur cœur se prendre par les vanités de ce monde. »

Quatre fois elle recommença la traduction de cette phrase, la plus entortillée à coup sûr de cette lettre, mais elle s’acharna à la rendre avec toute l’exactitude qu’elle pouvait mettre dans ce travail, et si elle n’arriva pas à se satisfaire elle-même, au moins eut-elle la conscience d’avoir fait ce qu’elle pouvait.

« Le temps n’est plus où tout le savoir des femmes hindoues consistait dans la science de l’étiquette, dans l’art de se lever ou de s’asseoir, et où toute instruction, en dehors de ces points essentiels, était considérée comme une déchéance ; aujourd’hui un grand nombre, même parmi celles des hautes castes, ont l’esprit cultivé et se rappellent que dans l’Inde ancienne, l’étude était placée sous l’invocation de la déesse Sarasvati. Celle dont je parle appartenait à cette catégorie, et son père ainsi que sa mère qui étaient de famille brahmane, c’est-à-dire deux fois nés, selon l’expression hindoue, avaient eu le bonheur d’être convertis à notre sainte religion catholique, apostolique et romaine par notre révérend père Leclerc