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EN FAMILLE.

« Puisque tu as bien conduit hier, il n’y a pas de raisons pour que tu ne conduises pas bien aujourd’hui. D’ailleurs nous avons à parler, et il vaut mieux pour cela que nous soyons seuls. »

Ce fut seulement après être sortis du village où sur leur passage se manifesta la même curiosité que la veille, et quand ils roulèrent doucement à travers les prairies où la fenaison était dans son plein, que M. Vulfran, jusque-là silencieux, prit la parole, au grand émoi de Perrine qui eût bien voulu retarder encore le moment de cette explication si grosse de dangers pour elle, semblait-il.

« Tu m’as dit que M. Théodore et M. Talouel étaient venus dans ton bureau.

— Oui, monsieur.

— Que te voulaient-ils ? »

Elle hésita, le cœur serré.

« Pourquoi hésites-tu ? Ne dois-tu pas tout me dire ?

— Oui, monsieur, je le dois, mais cela n’empêche pas que j’hésite.

— On ne doit jamais hésiter à faire son devoir ; si tu crois que tu dois te taire, tais-toi ; si tu crois que tu dois répondre à ma question, car je te questionne, réponds.

— Je crois que je dois répondre.

— Je t’écoute. »

Elle raconta exactement ce qui s’était passé entre Théodore et elle, sans un mot de plus, sans un de moins.

« C’est bien tout ? demanda M. Vulfran lorsqu’elle fut arrivée au bout.

— Oui, monsieur, tout.