qui n’eut d’autre résultat que de la rendre plus vide et par là plus misérable encore.
Elles n’eurent pas une trop longue attente à endurer : un roulement de voiture annonça l’arrivée du médecin et Perrine courut au-devant de lui.
Comme en entrant il voulait se diriger vers la maison, elle lui montra la roulotte.
« C’est dans notre voiture que nous habitons », dit-elle.
Bien que cette voiture n’eût rien d’une habitation, il ne laissa paraître aucune surprise, étant habitué à toutes les misères avec sa clientèle ; mais Perrine qui l’observait remarqua sur son visage comme un nuage lorsqu’il vit la malade couchée sur son matelas, dans cet intérieur dénudé.
« Tirez la langue, donnez-moi la main. »
Ceux qui payent quarante ou cent francs la visite de leur médecin n’ont aucune idée de la rapidité avec laquelle s’établit un diagnostic auprès des pauvres gens ; en moins d’une minute son examen fut fait.
« Il faut entrer à l’hôpital », dit-il.
La mère et la fille poussèrent un même cri d’effroi et de douleur.
« Petite, laisse-moi seul avec ta maman », dit le médecin d’un ton de commandement.
Perrine hésita une seconde ; mais, sur un signe de sa mère, elle quitta la roulotte, dont elle ne s’éloigna pas.
« Je suis perdue ? dit la mère à mi-voix.
— Qu’est-ce qui parle de ça : vous avez besoin de soins que vous ne pouvez pas recevoir ici.
— Est-ce qu’à l’hôpital j’aurais ma fille ?