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Page:Malot - En famille, 1893.djvu/388

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EN FAMILLE.

poser ses regards à droite et à gauche, sur les corbeilles, ou les plantes et les arbustes que leur beauté rendait dignes d’être isolés en belle vue ; car bien que leur maître ne pût plus les admirer comme naguère, rien n’avait été changé dans l’ordonnance des jardins, aussi soigneusement entretenus, aussi dispendieusement ornés qu’au temps où, chaque matin et chaque soir, il les passait en revue avec fierté.

De lui-même, Coco s’arrêta devant le large perron, où un vieux domestique, prévenu par le coup de cloche du concierge, attendait.

« Bastien, tu es là ? demanda M. Vulfran sans descendre.

— Oui, monsieur.

— Tu vas conduire cette jeune personne à la chambre des papillons qui sera la sienne, et tu veilleras à ce qu’on lui donne tout ce qui peut lui être nécessaire pour sa toilette ; tu mettras son couvert vis-à-vis le mien ; en passant, envoie-moi Félix qu’il me conduise aux bureaux. »

Perrine se demandait si elle était éveillée.

« Nous dînerons à huit heures, dit M. Vulfran, jusque-là tu es libre. »

Elle descendit et suivit le vieux valet de chambre, marchant éblouie, comme si elle était transportée dans un palais enchanté.

Et réellement, le hall monumental, d’où partait un escalier majestueux aux marches en marbre blanc, sur lesquelles un tapis traçait un chemin rouge, n’avait-il pas quelque chose d’un palais : à chaque palier, de belles fleurs étaient groupées avec des plantes à feuillage dans de vastes jardinières et leur parfum embaumait l’air renfermé.