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EN FAMILLE.

— Alors il m’a expliqué que depuis longtemps il voulait avoir près de lui quelqu’un d’intelligent, de discret, de fidèle, en qui il pourrait avoir pleine confiance.

— Ne nous a-t-il pas ? interrompit Casimir.

— C’est justement ce que je lui ai dit : N’avez-vous pas M. Casimir, M. Théodore ? M. Casimir, un élève de l’École polytechnique, où il a tout appris, en théorie s’entend, qui pour l’X ne craint personne, enfin qui vous est si attaché ; M. Théodore qui connaît la vie et le commerce pour avoir passé ses premières années auprès de ses parents, dans des difficultés qui pour sûr l’ont formé, et qui d’autre part a pour vous tant d’affection. Est-ce que tous deux ne sont pas intelligents, discrets, fidèles, et ne pouvez-vous pas avoir toute confiance en eux ? Est-ce qu’ils pensent à autre chose qu’à vous soulager, vous aider, vous débarrasser du tracas des affaires en bons neveux, bien affectueux, bien reconnaissants qu’ils sont, et bien unis, unis comme de vrais frères qui n’ont qu’un même cœur, parce qu’ils n’ont qu’un même but. »

Malgré l’envie qu’il en avait, il n’appuyait pas sur chaque mot caractéristique, mais au moins en soulignait-il l’ironie par un sourire gouailleur, qu’il adressait à Théodore quand il parlait de la supériorité de Casimir dans la science de l’X, et à Casimir quand il glissait sur les difficultés commerciales de la famille de Théodore ; à tous les deux, quand il insistait sur leur fraternité de cœur qui n’avait qu’un même but.

« Savez-vous ce qu’il me répondit ? » continua-t-il.

Il eût bien voulu faire une pause, mais de peur qu’ils ne lui tournassent le dos avant qu’il eût tout dit, vivement il continua :